Parle-moi de ton Périgord Vert, le questionnaire aux habitants

Entre décembre 2018 et mars 2019, nous avons mis en ligne un questionnaire Internet soumis aux habitants. Il portait sur trois volets : leur vision du Périgord Vert, leur façon de vivre le territoire, leur positionnement face à l’évolution du monde et de nos sociétés.

Nous sommes allés promouvoir et faire remplir ce questionnaire sur les marchés d’Excideuil, Piégut-Pluviers, Ribérac, Brantôme et Thiviers entre fin janvier et début février. Nous avons aussi distribué l’information dans les petits commerces du Périgord Vert (boulangeries, boucheries, pharmacies).

Au total, 324 personnes ont bien voulu répondre à cette enquête.

Voici la synthèse ci-dessous. Si vous souhaitez accéder directement au document d’analyse, cliquez ici.

Le volet 1 : l’identité du Périgord Vert

Copyright (c) SCoT Périgord Vert

Les habitants évoquent leur lieu de vie à grande échelle (bassin de vie, Périgord Vert, Dordogne). Ils se sentent appartenir au Périgord Vert mais ne le revendiquent pas spontanément.La richesse du cadre naturel, les paysages, le patrimoine bâti et culinaire sont les caractéristiques « pépites » du territoire.Le bien-être lié au calme, à la nature, à l’authenticité et aux possibilités de vivre convenablement (foncier) font que les habitants promeuvent le territoire auprès de leurs proches.Mais les préoccupations liées à la mobilité subie (emplois, services), l’isolement l’hiver viennent nuancer les avis positifs.

Attention à l’image d’un certain immobilisme qui est antinomique avec les dynamiques économiques existantes, pas assez reconnues. On aime ce territoire préservé, quitte à le cacher. C’est une contradiction inhérente à la dualité « intérêt particulier/réponse citoyenne ».

Le volet 2 : la façon de vivre sur le territoire

Le ressenti

Les habitants se sentent bien sur ce territoire grâce au cadre de vie de grande qualité (environnement, paysages), à l’attachement qu’ils y éprouvent, à la tranquillité qui s’en dégage.

Les modes de vie, les mobilités

Ils ont des modes de vie qui priorisent la consommation locale pour leurs achats quotidiens. Ils bénéficient des avantages du mode de vie à la campagne : producteurs locaux en vente directe, autosuffisance alimentaire (potager, poulailler). Le déplacement en voiture est inévitable (densité du territoire) voire vital (lien avec le monde). En alternative à la voiture, le transport en commun est le plus sollicité ; idem en ce qui concerne le covoiturage, à moins de trouver une énergie alternative. Les éléments de bien-être indispensables sont, à nouveau le cadre de vie de grande qualité mais s’y rajoutent en grande préoccupation la question de l’accès aux services et à la santé notamment, celle de l’isolement l’hiver (défaut d’animations, de dynamisme pointés). Les équipements et les services, la vie dans les villages sont plébiscités. Mais il y a ce sentiment que cela est précaire en termes de fonctionnement. La question des zones blanches en numérique, téléphonie fait aussi surface. Plus proches de la nature et des gens, le corollaire est la perception des menaces qui pèsent sur la nature (pollutions) et les querelles entre clochers, voisins.

Si les personnes se sentent acteurs de leur territoire à une micro échelle (commune), dans le volet 1, ils se revendiquent d’un territoire plus grand. L’action citoyenne et associative est la plus plébiscitée. Elle renvoie au degré d’action individuelle. Ce sont des éléments clés et supports de la réflexion sur le projet territorial.

La projection du Périgord Vert comme territoire à forte identité, modèle de société dans l’avenir

On ressent l’ambition de donner un exemple de ruralité nouvelle, certains la voient se dessiner, d’autres trouvent que le territoire n’est pas assez reconnu, identité contrastée. L’identité est assimilée d’emblée aux paysages. A nouveau, la vie simple et proche de la nature est évoquée. L’emploi reste toujours une préoccupation pour inventer le modèle de société, la préservation des paysages aussi pour conserver, ne pas détruire ceux-ci. Il y a une demande de renouvellement politique. Dans les avis négatifs, il faut là-aussi protéger, conserver les paysages, etc. Il y a trop de personnes âgées, pas assez d’emplois, de travail, le Périgord Vert est trop figé pour un nouveau modèle de société. Il y a du découragement à changer le modèle. Trop de rivalités de villages, difficultés à s’intégrer, un modèle de société paraît ambitieux, le territoire apparaît trop petit pour cela, avec une identité trop discrète.

Le volet 3 : le positionnement face à l’évolution du monde et de nos sociétés

L’évolution du monde

Elle est le plus souvent mal vue (individualisme, démocratie, surconsommation, inégalités, trop vite). La question de la ruralité apparaît en priorité des préoccupations. Sa représentation dans l’imaginaire collectif et politique est abordée, au-delà du défaut d’équipements (numérique, santé, commerces), le fait que la nature soit au cœur de la ruralité n’est pas assez reconnu et revendiqué. Des habitants souhaitent aussi parler en termes de progrès et se projettent dans l’avenir. Le dialogue doit être une évidence, le partage, la coopération mis en avant.

Localement, le quotidien est vu et vécu serein, à l’image du Périgord Vert même si le monde va mal. L’identité est vécue comme un apaisement face à l’opinion que l’on a de l’évolution globale.

Campagne et ville : des difficultés différentes

La ville évoquée est « idéalisée » avec ses transports en commun pour accéder à tous les équipements et commerces. La couverture réseau, l’accès à la culture, et l’accès aux soins. Il y a plus d’accès à la formation et à l’information, on s’adapte mieux à l’évolution du monde. Pas besoin de voiture. La campagne souffre de l’absence de débouchés économiques, de couverture numérique, d’un défaut de services, de l’éloignement démocratique des décisionnaires. Mais la campagne est une alternative aux maux de la ville : pour vivre ensemble avec ses voisins, vie moins chère, préservation de l’évolution trop rapide du monde. On y est moins envieux, il y a de l’autosuffisance (se nourrir, se déplacer, bricoler, se chauffer, troc). Une philosophie du ressourcement est affichée. On est acteur du territoire en campagne car on culpabilise plus sur l’évolution du monde.

Finalement comme le résument des contributions, chacun de ces modes de vie a ses avantages et ses inconvénients.

Citoyenneté dans le monde

Moins de la moitié des personnes interrogées se sentent acteurs de l’évolution du monde (47%). Les habitants du Périgord Vert sont optimistes en ce qui concerne les possibilités d’action et d’amélioration de leur environnement (67%). 34 % mettent le citoyen et le monde associatif au cœur de cette action, les collectivités et l’État plus en retrait. Tout repose donc sur cet individualisme pourtant dénoncé en mal en ce qui concerne l’évolution du monde. Les thèmes environnementaux et économiques sont dans l’ordre des priorités.